Élections départementales, 2nd et "3è"tours


Le dimanche 29 mars, les Français ont participé au second tour des élections départementales et le jeudi 2 avril, chaque conseil a élu son président. Si la droite a confirmé sa victoire du premier tour, le FN n'a pas réussi le pari de s'imposer comme un acteur à part entière de la vie politique. Quant au renouvellement annoncé du personnel politique départemental, il reste modéré. 

Une nette victoire de la droite

Le second tour des élections départementales de 2015, avec une abstention (50%) plus forte qu'au premier tour mais plus faible qu'aux précédentes cantonales, a donné une large victoire à la droite: elle contrôle désormais 66 départements au lieu de 40 précédemment. L'UMP totalise 26% des suffrages, avec 1032 conseillers élus.

La gauche socialiste perd 28 des départements dans lesquels elle était majoritaire, n'en gardant ainsi que 34. Un seul département, la Lozère, passe de droite à gauche. Le parti communiste, des deux départements qu'il contrôlait, ne conserve que le Val-de-Marne, perdant l'Allier.

Le FN, après un score prometteur au premier tour, remporte une demi-victoire. 31 cantons ont élu un binôme Front national, au lieu d'un seul élu aux précédentes cantonales. Mais aucun département ne bascule FN.

 

Pour approfondir:

"Les chiffres à retenir du second tour des départementales", Le Monde.fr, 30/03/2015.

"Ce que l'on peut retenir du second tour des élections départementales", Le Monde.fr, 29/03/2015.

Le FN, acteur à part entière de la scène politique?

Avec un quart des voix au premier tour, le FN apparaissait comme le premier parti de France. Se positionnant contre l'UMPS, dans une attitude de dénonciation à la fois des élites politiques traditionnelles et d'une politique économique pro-européenne, le parti d'extrême droite se posait comme un arbitre de la scène politique. Parallèlement, la normalisation du parti entamée par Marine Le Pen avait pour objectif d'intégrer le FN au paysage politique, de le faire accepter comme un parti comme les autres. Les résultats du premier tour pouvaient laisser penser à un succès de cette stratégie.

Néanmoins, sur les 278 triangulaires (là où aucun binôme n'a remporté la majorité des votes au premier tour) qui ont eu lieu au second tour des élections départementales, le FN en a remporté seulement 5 et arrive second dans seulement 54. Les cantons concernés par une triangulaire sont ceux qui voient le plus augmenter la participation électorale au second tour et le FN est la seule formation qui perd des voix au second tour en cas de triangulaire, ce qui illustre une mobilisation électorale contre le FN.

Le FN ne remporte aucun département alors que son score du premier tour lui avait fait espérer le Vaucluse (il était en tête avec 37,4% des voix) et l'Aisne (en tête avec 38,7% des voix). Il semble donc bien que son score du 1er tour soit davantage dû à un vote protestataire qu'à un véritable souhait de l'électorat de le voir accéder au pouvoir. Le second tour (avec des désistements qui réduisent le nombre de triangulaires) et les élections des présidents de département confirment par ailleurs la marginalisation du FN dans la classe politique et montrent l'échec de sa politique de normalisation : la droite a refusé toute alliance avec le FN (qui, de son côté, l'assimilait de toute façon au PS par sa dénonciation d'un système UMPS, ôtant d'avance toute crédibilité à une quelconque alliance).

 

Pour approfondir:

Samuel Laurent, "Le FN ne profite pas des triangulaires", Le Monde.fr, 30/03/2015.

Julien Lemaignen, "Départementales, les enjeux du second tour pour les partis", Le Monde.fr, 29/03/2015.

Un personnel politique départemental renouvelé?

La nécessité de la présence dans chaque binôme d'un candidat de chacun des deux sexes s'est accompagné d'un renouvellement du personnel politique dans les assemblées départementales.

Les 4108 nouveaux conseillers et conseillères (contre 4035 auparavant) sont plus jeunes, avec une moyenne d'âge de 53 ans (contre 61 auparavant). Si la part des moins de 30 ans reste très faible (1.9% contre 0.2% auparavant), le nombre de septuagénaires passe de 17.6 à 3.3% et avec lui, la part des retraités est en net recul (22.3% contre 39,3% auparavant). Le profil d'activité des nouveaux conseillers et conseillères est également différents, avec 21.1% de salariés du privé, contre 12.5% auparavant.

Néanmoins, malgré l'entrée massive des femmes dans les conseils départementaux (elles étaient seulement 17.8% auparavant), seules 10 présidents de département sont des présidentes.

Enfin, si 50% des présidents élus en 2015 n'occupaient pas cette fonction auparavant, c'est autant dû à l'alternance qu'au renouvellement du personnel politique et seuls onze d'entre eux n'étaient pas conseillers généraux auparavant.


Pour approfondir:

Alexandre Pouchard, "Qui sont les nouveaux présidents de départements?", LeMonde.fr, 02/04/2015.

Mathieu Dehlinger et Pascal Boudeville, "Inforgraphie. Voici le portrait robot des nouveaux conseillers départementaux que vous avez élus", FranceTVInfo, 01/04/2015.

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